L’élection de Jair Bolsonaro à la présidence du Brésil, à la suite de scandales qui ont touché la classe politique brésilienne depuis les années 2010, a mis en lumière les difficultés structurelles que connait le Brésil. Régulièrement qualifié de pays émergent, membre des BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), le Brésil a connu une croissance économique spectaculaire dans les années 2000, qui a permis une réduction relative des inégalités sociales. La coupe du monde de football (2014) et les Jeux olympiques (2016) à Rio devaient symboliser cette ascension fulgurante du Brésil en tant que puissance mondiale. Cependant, les images de violence dans les favelas, qui ont fait l’objet de politique d’éviction afin de donner une belle image de la ville, ont produit l’effet inverse. Elles ont mis l’accent sur la fragilité et les limites du modèle économique brésilien, fondé sur une économie extravertie sensible à la conjoncture mondiale et sur une exploitation mal contrôlée du territoire (reprise de la déforestation). Par ricochet, le modèle social développé par Lula, fondé sur la redistribution sociale et territoriale des richesses, s’est grippé. Quel bilan peut-on dresser après quinze ans d’émergence ?