Le 1er janvier 1918, le 369ème régiment d’infanterie du corps
expéditionnaire américain, composé de soldats noirs venus de New York,
débarque à Brest. Sa fanfare, dirigée par le lieutenant James Reese
Europe, improvise alors un petit concert dont le premier morceau est une
Marseillaise jouée de façon syncopée, à la manière d’un ragtime, que le
public met beaucoup de temps à reconnaître. Cet événement historique
marque une des premières prestations d’un orchestre de jazz américain en
France. Les concerts se multiplient dans de nombreuses villes au cours de
l’année 1918. Ces hommes passent sous commandement français et finissent
par être envoyés au front où ils s’illustrent dans les combats, ce qui
leur vaudra le qualificatif de « Harlem Hellfighters ». Il s’agit là
encore d’un événement historique, car l’armée américaine n’avait jamais
envisagé d’armer ses soldats noirs, qu’elle réservait aux tâches
subalternes. La conférence de Guillaume Kosmicki revient sur cet épisode
méconnu de la Grande Guerre, qui lui permet d’approfondir trois thèmes :
les origines du jazz, appelé à conquérir le monde et à devenir l’un des
genres les plus féconds du XXe siècle ; la vie de James Reese Europe et de
quelques-uns de ses musiciens, qui participeront ensuite à la grande
aventure du jazz (Noble Sissle, Franck De Broit, Eugene Mikell) ; un
regard sur la situation des Noirs et la ségrégation dans l’Amérique du
début du centenaire.