Rêve D’Orient, L’histoire de la compagnie des Indes,

Par Brigitte Nicolas,
Conservateur en chef du musée de la Compagnie des Indes, Ville de Lorient

La création des grandes compagnies de commerce à charte s’inscrit dans le contexte historique séculaire de la quête des épices et, par conséquent, des routes terrestres et maritimes en direction de l’Inde et de la Chine.
Evinçant peu à peu les Portugais, qui avaient dominé le commerce maritime vers l’Asie au XVIe siècle, les Hollandais et les Anglais fondèrent respectivement, en 1600 et 1602, la Verenigde Oost-Indishe Compagnie et l’East India Company. Ils inaugurèrent l’ère des compagnies de commerce européennes à charte bénéficiant du monopole du négoce au-delà du cap de Bonne-Espérance.
En 1666, suivant l’exemple des Hollandais, Colbert décida la création des premières compagnies des Indes françaises.
La puissance financière, logistique, militaire et régalienne des compagnies permit la structuration du commerce avec l’Asie. Des escales furent créées, des loges et des comptoirs furent fondés. Leurs noms résonnent encore de ce passé aventureux : Pondichéry, Chandernagor, Canton.
En Bretagne, le chantier d’armement et de construction des navires de la Compagnie devint peu à peu une ville : L’Orient où étaient débarquées les fabuleuses marchandises d’orient : café de Bourbon et de Moka, thé, soie et porcelaines de Chine, épices et cotonnades indiennes.
L’histoire des compagnies des Indes met en lumière la mondialisation de l’économie au XVIIIe siècle. Elle est la première partition d’une politique de colonisation qui trouva son aboutissement au moment ou les grandes compagnies de commerce perdirent leurs privilèges.