Peintre, ou plutôt artiste multidisciplinaire breton, Mathurin Méheut (né en 1882 et mort en 1957) faisait l’objet mardi 25 février à l’Espace Culturel de Saint-Renan de la conférence de l’UTL en Iroise. Avec Michel Glémarec, professeur à l’UBO d’océanographie et de biologie à la baguette. A priori, l’art qui apporterait l’Émotion et la science source, dit-on, de Vérité ne font pas forcément chambre commune. Mais Mathurin Méheut, peintre de la Marine, a surtout peint et dépeint baudroies, torpilles, roussettes, hippocampes et autres seiches sous toutes leurs formes. Une.... "bouillabaise" de quelques 10 000 œuvres !

Plusieurs auditeurs mardi dernier ont pu être surpris. Dans leur lointaine culture, ils connaissaient le Lamballais Mathurin Méheut (qui possède un musée à la "Maison du bourreau" en Penthièvre), savaient qu’il avait séjourné à Roscoff mais avaient retenu également dans leur esprit le "rendu" très précis de marins, pardons (comme la célèbre Troménie de Locronan), champs, paysages (comme l’Ile de Sieck en pays léonard) ou autres bateaux.

Tout ce pan de l’œuvre du lauréat du Grand prix au Salon de Paris de 1925 est resté sous silence. Volontairement ! « J’ai axé tous mes propos sur la faune marine a commenté Michel Glémarec. ». Il est vrai que l’intéressé, océanographe et biologiste est capable d’appeler tous les innombrables habitants des océans par leur... petit nom. En latin qui plus est !

Il n’empêche ! Ce parti-pris de mettre en exergue une seule partie de l’auteur de "l’étude de la mer" en 1913 en a dérouté certains. A eux d’aller confronter leurs nouvelles connaissances au bord de mer en fin de semaine avec une solide marée de 115. Quelques "herbiers" et espèces à redécouvrir peut-être !

Plus sérieusement, Mathurin Méheut a scruté, examiné, dépeint les animaux marins (et à un degré moindre terrestres) sous toutes les formes. Et avec tous les supports : la peinture bien évidemment mais aussi le dessin, la sculpture (des méduses... transformées en pieds de table !), la décoration d’assiettes (avec quelques chefs d’œuvre chez le Quimpérois Henriot). Ou encore l’illustration d’un ouvrage "regards" avec Colette. Ou, dès 1913, les croquis dans "Art et Décoration" d’Eugène Grasset.

Une précision chirurgicale

Ce fils de menuisier du pays gallo a ainsi pu fréquenter Rennes, Paris (le Jardin des Plantes), Naples, Roscoff, le Pays Bigouden, Hawaï (où existait le seul aquarium au monde en 1913. Et ce beau voyage grâce à une bourse pour effectuer le tour du monde), etc : « Il dessinait tout le temps et il a pu se faire admettre à la fois des scientifiques mais aussi des marins. »
Sans oublier des cours dispensés à Paris dans dans deux écoles, notamment à la fameuse "école Boulle".
Adepte d’un art déco stylisé, MM observait, à l’infini, ce monde grouillant et nageant dans vingt centimètres d’eau. Il était capable de le reproduire avec une précision chirurgicale (des seiches avec leur cordon d’œufs) mais aussi de mettre son imagination au service de son art. Avec par exemple des tableaux représentant des femmes vivant dans la coquille d’un "Bernard-L’hermitte".

Dans une très (trop) abondante production, toutes les créations de Mathurin Méheut (quelque 10 000 répétons-le dont la moitié est restée priorité de la famille) ne présentent pas, bien sûr, la même valeur. Mais outre à Lamballe, dans son musée (qui ré-ouvrira, refait à neuf en mai 2015), on peut admirer quelques-unes de ces toiles au musée de Brest, à Océanopolis notamment.
Bien loin du monde marin, Mathurin Meheut a su aussi "croquer’ d’autres univers. Ainsi en avril à Lamballe, une exposition évoquera le peintre costarmoricain dans les tranchées lors de la Grande Guerre...

Michel LE NÉEL

Portfolio

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