Le compte rendu de Claire sur la conférence du 10 septembre 2013

Paru en 2005, le premier tome s’est vendu à 53 000 exemplaires et a obtenu le Prix des Ecrivains de l’Ouest. Les lecteurs avaient vécu cette vie et n’osaient pas en parler de peur de passer pour de « vieux cons » .
Jean ROHOU fait revivre avec ironie les lieux, les personnages et la vie de son enfance. Il relate ainsi le « bon vieux temps », sans électricité, sans chauffage et sans toilettes … Une vie simple très différente de celle que connaissent nos petits-enfants.

Il balbutiait quelques mots en français et réussissait à l’école. On disait de lui « il est doué » mais Jean ROHOU reconnait qu’il a eu la possibilité de développer ses compétences et de devenir professeur d’Université.

Jean ROHOU, est né en 1934 à PLOUGOURVEST, dans le pays de LANDIVISIAU, lieux des enclos paroissiaux construits avec foi, culture et grâce à l’argent du commerce du lin (en plein essor car le lin était utilisé pour les voiles des bateaux).

En 1666, LAMPAUL-GUIMILLIAU a un grand nombre de tanneurs, et fait le commerce des chevaux qui nécessite de dialoguer en français avec les acheteurs. Les fils aînés des familles étaient envoyés à l’école pour apprendre le français… De ce fait, on note une avancée intellectuelle par rapport à la moyenne bretonne.

En 1834 : 23 % des garçons du Finistère parlent le français,30 % de morlaisiens , 53 % de garçons de Plougourvest et 110 % de Lampaul-Guimilliau réputée pour être « la bonne école des frères »(car les enfants venaient d’autres communes). C’est la première chance de Jean ROHOU de pouvoir suivre ses études à Plougourvest. La deuxième est d’avoir été bilingue, d’autant que la langue bretonne est très complexe (en breton, on a le singulier, le pluriel, le duel (2 yeux), le collectif (la chevelure), le singulatif, le pluriel connaît 7 terminaisons dont une à flexion comme l’anglais :man/men).
Ses parents croyaient en l’école. Sa mère prétendait « penser par elle-même », ce qui était mal vu à l’époque, mais elle lui a transmis sa hardiesse.

Jean ROHOU passe le concours des bourses avec succès et part suivre ses études avec le fils de l’instituteur de Plougourvest , au collège de MORLAIX.

Après une carrière de professeur de lettres à l’université de RENNES, Jean ROHOU décide d’écrire sa vie, celle de ses parents . Il hésite sur le titre de son œuvre « Fils de Ploucs » et cela lui fait « quelque chose » de voir ce nom sous la photo de mariage de ses Parents.
Il est le premier homme libre à savoir écrire. Il veut évoquer les réalités de son quotidien passé qui n’existent plus. Il veut témoigner :

  • Contre la mentalité de soumission . il pense qu’on a le devoir d’une réflexion critique,
  • Contre l’habitude de la soumission,
  • En tant qu’ « extrémiste tolérant »,
  • Sur les Bretons, la Bretagne.

Jean ROHOU n’avait pas la moindre idée de la ville, de la mer, de la montagne ..Il faut bouger dans l’espace, dans les milieux sociaux pour comprendre les différences.

La civilisation celte s’est répandue en Hongrie, en Bourgogne, en Irlande et dans le pays de Galle et beaucoup moins en Bretagne., mais pas les gènes . Les Romains et les Germains ne sont pas allés aussi loin que la Bretagne qui a continué à parler sa langue.
Jean ROHOU évoque cette particularité : la danse bretonne a été éradiquée dans le Léon par le clergé .

  • Contre le « bon vieux temps » : un tiers des enfants mouraient avant un an, et la moitié avant 10 ans.

Le tome 2 de « Fils de Ploucs » n’est pas la suite du tome 1. Il traite de sujets particuliers : la langue bretonne et l’école.

Les Bretons se sentaient méprisés. La langue usuelle le français n’était pas d’usage à la maison ou au village. Le français appris à l’école n’est pas utilisable au quotidien (la mer, la vigne, la montagne.. ) tout ce monde inconnu des petits bretons. Le breton résiste jusqu’en 1939 malgré le désir des gens de sortir du sous-développement.
Les Bretons ont deux solutions : la réussite scolaire ou rester dans leur isolement.
Il faut dire que contrairement aux autres langues régionales, le breton est dédaigné par les grandes villes (Rennes, Nantes..). Même à Landivisiau, les « gens bien » parlent le français.

Lors de la guerre de 39-45, des réfugiés, des cousins venant de Paris, des réfractaires au STO sont arrivés en Bretagne. Le gouvernement a voulu savoir combien on produisait de blé .. ce qui a obligé les bretons à écrire en français.

L’évêque de QUIMPER a fait une enquête pour connaître l’étendue de la langue française. A PLOUGOURVEST : dans une même famille, les garçons parlent le breton et les filles parlent le français. Les femmes sont favorables à l’émancipation culturelle.
En 1942 : les enfants sont élevés en breton et en 1945 , ils sont élevés en français.

Jean ROHOU est devenu poète car il aime le langage pour lui-même.