"Nono", dessinateur de presse : Il "croquait" déjà à l’école !
Peut-être était-il amateur de chocolat dans son enfance mais ce n’est pas le sujet. Et on peut assurer de son honnèteté... Non, il ne "croquait" ni d’un côté ni de l’autre. Mais bien plutôt, dès sa prime jeunesse, sur des carnets, sur de simples feuilles. Avec stylos, crayons, feutres. Joël, qui allait rapidement devenir "Nono" "tout le monde m’appelle ainsi, y compris... mon épouse ! " caricaturait à l’envie, les copains, les profs. Tout en planchant sur la philosophie. Du rire à la sagesse...
Parents instits à "l’école du Diable" (école laïque pour les non-initiés), originaire du pays des Forgerons (Inzinzac-Lochrist, Hennebont aux portes de Lorient), il est tombé dans la marmite de la caricature très petit. A l’école, au lycée, en fac à Rennes. Entre quelques "oeuvres" pour illustrer des bouquins en breton, des journaux plus ou moins confidentiels, il s’est même essayé à la confection de cartes postales... érotiques ! Tout en enseignant, à mi-temps, la philo à Carhaix et puis à Vannes ! Le grand écart. Et celui-ci a perduré jusqu’en 2009 (retraite de l’Éducation Nationale) en collaborant tout d’abord pour Ouest-France (un quart de siècle) puis pour le Télégramme...
Mardi 11 juin, dans le cadre de la dernière conférence de la saison de l’UTL en Iroise, il a apporté aux auditeurs une franche dose de sourire et même de rires, ingrédient bien utile dans cette période de morosité et de sujets ô combien sérieux.
Mais avant de faire visionner et de commenter de nombreux dessins ("dont certains ont subi les foudres de la censure !"), "Nono" a effectué un tour d’horizon des spécificités de son "métier", qu’il s’agisse d’un journal ou d’aérer les livres de ses copains. A venir notamment un "document" (n’ayons pas peur des mots !) sur "les colles de Pont-Aven" qui vaudra son pesant de rigolade, avec l’ami "Bubu" (alias Paul Burel, ancien confrère d’Ouest-France), comme commentateur spécialiste des toiles...
Mais dans le concret du quotidien, comment cela se passe-t’il ?
Tous les jours, vers 17 heures, la rédaction de son journal (en l’occurrence le Télégramme) lui propose un sujet. A lui de plancher pour fournir sa matière (un ou plusieurs dessins) avant 20 heures 30.« avec bien sûr des astuces, des jeux de mots, des signes facilement repérables, parfois des photos, des dépèches de l’AFP (Agence France-Presse) par exemple pour m’aider. »
Quelles sont les réactions des hommes politiques ?
Il faut bien sûr savoir les "croquer" pour qu’ils soient identifiables aisément. Certains sont plus difficiles que d’autres à saisir : « mais ils ont presque tous de bonnes têtes pour être caricaturés. Peu ou pas de réactions négatives : Être dessiné, c’est quelque part être reconnu mais nous ne sommes pas là pour leur servir la soupe. Comme l’assurait Plantu, le dessin de presse est un peu une passerelle pour aller vers le texte. » Mais il s’agit, bien sûr, d’un regard subjectif.
Et, la France est une grande nation de caricaturistes. De... Louis Philippe (à la fin du XIXème siècle) en passant par le Canard Enchaîné, Hara-kiri, Charlie Hebdo, les Guignols à la télé...
Peut-on tout dessiner ? Existe-t’il une censure ?
Selon Nono, la presse, surtout régionale, semble plus "frileuse" maintenant qu’auparavant. Les journaux paraissent attentifs (voire craintifs) à leur lectorat qu’il ne faut pas froisser. Il est aussi, parfois, nécessaire d’être astucieux pour contourner un refus. Savoir comment le dessin peut être perçu (le dessin de presse vit dans l’immédiat), être cohérent, ne pas titiller d’une manière gratuite. Et chacun possède également sa propre anto-censure : « A titre personnel, je ne me serais pas vu exécuter un dessin marrant sur les attentats du 11 septembre à New-York ! »
A chacun ses propres limites...
Mais, avec et à coté d’une photo (et d’une manière différente), il est évident que le dessin de presse apporte une autre vision de l’actualité.
Parfois grinçante, souvent souriante, de temps en temps coquine mais cette bouffée d’air dans un monde bien souvent tristounet doit être croquée à pleines dents. Sans modération. Comme le sont les dessins de "Nono"...
Michel LE NÉEL