Marguerite Duras ou " quand le silence parle" par Yves Moraud professeur émérite de littérature, spécialiste de Marguerite Duras

Par ses amours innombrables, par ses choix politiques - engagement dans la résistance, dans le Parti Communiste, dans mai 1968 - par son appétit de la vie, Marguerite Duras, née en 1914 dans l’Indochine française est devenue l’un des plus grands écrivains de la seconde moitié du XX ème siècle. Elle s’est montrée une femme d’exaltation de passion brûlant la vie par tous les bouts, mais aussi une femme d’excès, par ses abus d’alcool, qui l’ont conduite au bord des abîmes, des flirts avec l’horreur et le scandale jusqu’aux comas d’où elle n’est sortie parfois que miraculeusement.

Mais ces passions et ces excès ont toujours été chez elle les moteurs mêmes d’une écriture singulière qui dans tous les domaines : roman, théâtre, cinéma n’a cessé de bousculer les usages les mieux établis, de se remettre en question elle-même, pour se faire écriture du désir. Une écriture vouée nécessairement à l’inassouvissement qui tente de restituer, aux limites de l’inconscient et de la folie, du vide et du silence, une sorte d’au-delà du réel qui défie la parole et peut-être aussi la raison et le bon sens.